Le lait de Chamelle

Bien que difficile il évalue, l’importance économique de l’élevage camelin dépasse le seul volume de ses productions tant les grands camélidés rendent de nombreux services (culturels, pratiques, environnementaux) aux populations des régions arides. Avec 35 millions de têtes estimés dans le monde, la population cameline reste marginale dans le monde des animaux domestiques. Sa production laitière ne représenterait que 0.37% du lait consommé dans le monde. Toutefois, ces proportions sont en constante augmentation et la croissance démographique du cheptel camelin connait à l’échelle mondiale un renouveau certain depuis le début des années 2000, en lien avec l’intérêt grandissant des différents acteurs du secteur pour ses productions, notamment le lait de chamelle. L’élevage camelin parait un atout économique pour les populations vivant aux marges des déserts.

Longtemps essentiellement autoconsommé par les populations en permanente mobilité des pays asiatiques ou africains, le lait de chamelle connait une soudaine notoriété auprès d’un public élargi (urbains, occidentaux) qui explique son entrée croissante dans les circuits marchands, y compris à l’échelle internationale. Un tel engouement pour le lait de chamelle est lié à sa réputation diététique, voire médicinale. L’enjeu pour les producteurs et les consommateurs est de proposer des produits de qualité et diversifiés pouvant correspondre aux goûts et habitudes alimentaires des nouveaux consommateurs. Les techniques de transformation se sont adaptées à cette matière première traditionnellement consommée crue ou fermentée, permettant la production de fromage, crème glacée et poudre, voire de sucreries ou cosmétiques. Toutefois, le comportement particulier du lait de chamelle nécessite la poursuite de travaux de recherche parfois très fondamentaux pour en comprendre les mécanismes.

Ses qualités nutritionnelles font du lait de chamelle la base essentielle de l’alimentation des tribus nomades, ainsi qu’un remède contre de nombreuses affections.
La composition biochimique et microbiologique du lait de chamelle est régulièrement comparée à celle d’autres espèces pour comprendre les différentes utilisations thérapeutiques.

Ainsi, on sait que Le lait de chamelle est exceptionnellement riche en vitamine C, en niacine, en acides aminés essentiels (valine, leucine et phénylalanine), en acides gras insaturés, en facteurs antimicrobiens (lysozyme, lactopéroxydase et lactoferrine), en prostaglandines et en insuline.

Il est utilisé dans le traitement de la tuberculose humaine, du diabète sucré, des affections hépatiques, des troubles respiratoires, des diarrhées des enfants, des calculs biliaires, des troubles nerveux, de la fatigue générale et des ulcères gastriques. Ainsi, le lait de chamelle connaît un intérêt grandissant, notamment au Kazakhstan, et on assiste à une intensification de la production laitière cameline en Afrique (consommation du lait sous forme cru, pasteurisé ou fermenté : le shubat).

1 – Absence totale de B-lactoglobulines, principale protéine de lait allergisante, 2– Le lactose présent dans le lait de chamelle n’entraine pas d’effets indésirables, 3 – 3 à 5 fois plus de vitamine C, présence importante d’anticorps, de lactoferrines et de lysozymes,
4 – Jusqu’à plus de 30% de fer, du calcium, du magnésium, du zinc, du potassium, 5 – Présence majoritaire de “bon gras” qui favorise a fortiori le “bon cholestérol”, 6 – Présence de lanolines, vitamines B et acides-alpha-hydroxylés notamment qui raffermissent et hydratent la peau

La première ferme laitière de chameaux produisant et transformant du lait de chamelle …

Depuis le 22 juin 2022, La Camelerie est le seul élevage français détenteur d’un agrément sanitaire européen qui permet la production, la transformation et la vente de lait et produits laitiers alimentaires de chamelle.
En 2023, le troupeau réunit près de 80 animaux pour une vingtaine de femelles en lactation pour la première année de production.

Aujourd’hui, la production est lancée pour plusieurs produits :

– Lait frais (uniquement disponible pour les professionnels de la transformation alimentaire ou laboratoires qui s’engagent à ne pas mettre de lait frais sur le marché)

– Lait pasteurisé frais (le meilleur compromis de qualité ayant une Date Limite de Conservation de deux semaines dans des conditions optimales)

– Lait pasteurisé congelé (pour une durée de conservation allongée de plusieurs mois)

– Lait fermenté, similaire à du yaourt à boire (enrichi en probiotique, cette petite potion bien être pourra être consommé pendant au moins trois mois)

Les produits peuvent être nature ou aromatisés à souhait.

La production de fromage est lancée en parallèle et nous tentons d’adapter plusieurs recettes en fonction des réactions du lait de nos chamelles. A ce jour, deux recettes sont stabilisées et nous permettent d’obtenir « la Bosse des Fagnes » ou encore « le Camelhoumi ».

C’est la chance d’être partenaire dans le programme européen « CAMELMILK » visant à dynamiser la production et la transformation du lait de chamelle autour du Bassin méditerranéen qui a permis de confirmer nos connaissances et d’appuyer notre demande d’agrément.

En France, la production de lait de chamelle est également attendue dans deux autres fermes, contribuant à la diversification de la filière lait dans un pays où l’élevage se développe depuis peu.

Sources : Bernard Faye et Gaukhar Konuspayeva, experts mondiaux des chameaux et dromadaires

de gauche à droite; Gaukhar Konuspayeva (professeur et chercheuse spécialiste du lait de chamelle), Bernard Faye (vétérinaire et chercheur camelologue du CIRAD),
Guillaume Dutertre (Directeur de UMR Selmet de CIRAD) et Julien Job et Alban Pouard de la Camelerie